street art
aquarelles sur papier 25 cm x 40 cm. 2015
À l’origine de ce projet l’envie d’investir des pratiques et techniques les plus éloignées possible du registre habituel de l’art contemporain.
S’en est suivi l’idée de faire des « paysages à l’aquarelle » un genre qui illustre parfaitement ce grand écart, sa connotation désuète le rendant encore plus stimulant.
Ce postulat établi se pose alors la question du sujet et ses corollaires, le choix, le point de vue, le traitement… tout un ensemble de problématiques qu’il m’a paru nécessaire de bousculer.
Le sujet tout d’abord
Dans la lignée des dispositifs que j’ai développé jusqu’ici, je reste dans un questionnement lié au microcosme de l’art avec comme point d’entrée des représentations de rues portant le nom d’artistes célèbres.
Restent les problématiques de choix, de point de vue, de traitement. Afin de m’en libérer et de contextualiser le projet j’ai défini un protocole qui s’établi ainsi :
- Lister les artistes célèbres sur une période courant de la deuxième moitié du XXème siècle à nos jours.
- Chercher avec « google street view » des rues baptisées de ces noms.
- Faire une copie d’écran de la première image qui s’affiche à la suite de la requête.
- Reproduire cette image fidèlement avec comme seule intervention l’enlèvement des véhicules et des personnes.
Ce protocole tient ainsi à distance les problématiques évoquée plus haut :
– Le choix : il est contraint, dans les réponses aux recherches c’est le premier de la liste
– Le point de vue : il est neutre, confié à des caméras sur des voitures dont la seule mission est de documenter des lieux, pas de subjectivité, pas de « regard d’artiste ».
– Le traitement : c’est le point le plus sensible et toute l’ambiguité de la chose. L’intention est la neutralité, inatteignable dans ce registre j’ai tenté malgré tout de m’en approcher avec une facture fidèle aux archétypes du genre
Au final le regard critique est équivoque. Cette production saugrenue brouille les cartes, mélange les registres. Elle met en œuvre un hiatus entre deux paradigmes, l’un avec une conception très connotée de l’art qui privilégie le savoir faire, la trace expressive du geste, la vision personnelle du visible et l’autre plus distancié, avec plusieurs niveaux de lecture, une bonne dose d’ironie et l’ambition d’une singularité.